Les illusions dans la vie courante, l’indice des prix

par Jean Marie Champeau 24 Janvier 2022, 19:17 vie courante

L’illusion de l’indice des prix

Encore un sujet qui nous concerne tous. 


Comme tous les mois, l’INSEE publie,  l'IPC, l’Indice des Prix à la Consommation, qui mesure l’évolution du niveau moyen des prix des biens et des services consommés par les ménages. 

 

Jusqu’ici, l’INSEE s’appuyait sur près de 400.000 relevés de prix mensuels effectués dans des points de vente et sur Internet, dont 30.000 réalisés dans les supermarchés et les hypermarchés. 

 

Ces derniers sont, depuis janvier 2020, remplacés ou complétés par les données de caisse, c’est-à-dire les données enregistrées par les enseignes de la grande distribution quand le consommateur passe à la caisse des magasins. 

 

Cette nouvelle source permet à l’INSEE de suivre l’évolution des prix d’environ 77 millions de produits alimentaires industriels, d’entretien et d’hygiène-beauté vendus en grande surface. 

 

L’argument de cette nouvelle méthode étant que la composition du «panier», évoluant au fil du temps, reste représentative de la consommation des ménages. 

 

Si ces données vont permettre d’élaborer des statistiques plus précises, c’est oublier, un peu vite que cette nouvelle méthode ne change rien dans le principe du calcul de l’Indice des Prix à la Consommation.  

Le principe
Répartition des postes de consommation dans l'IPC
Répartition des postes de consommation

L’inflation correspond à une augmentation générale et durable des prix. L’INSEE la mesure à travers l’IPC, lui-même calculé à partir du suivi des prix d’un panier de biens et de services consommés par les ménages. 


Le contenu précis du panier est tenu secret, tout comme la méthodologie exacte de l’indice, sauf la répartition des catégories, pour « éviter toute manipulation » commerciale ou politique.


Chaque produit est pondéré proportionnellement à son poids dans la dépense de consommation des ménages. 

 

La composition de ce panier fixe est mise à jour chaque année, au gré de la répartition des dépenses des ménages telle qu’évaluée dans les comptes nationaux. L’alimentation (17,5%) et la santé (9%) sont actuellement les deux postes les plus pondérés dans l’IPC .


L’indice est publié chaque mois au Journal Officiel. L’IPC hors tabac sert de référence pour déterminer l’évolution des loyers, à travers l’indice de référence des loyers, des pensions alimentaires, des rentes viagères ou du Smic. 

 

Sur son site, l’INSEE rappelle que «l’indice des prix à la consommation n’est pas un indice du coût de la vie».

 

Ha bon ?

 

La méthodologie, bien que secrète, paraît objective, sauf que l’INSEE dispose de quelques petits trucs.

La quasi Ignorance des dépenses contraintes

 

Dépenses contraintes
Dépenses contraintes

Les dépenses contraintes, appelées aussi dépenses fixes ou dépenses pré-engagées, sont difficilement réductibles à court terme car elles ont un caractère obligatoire du fait de la loi : impôts, assurances…, ou découlent de la signature d’un contrat : loyer, abonnement téléphonique, factures d’eau, services financiers…

 

Selon une récente étude sur le budget des Français, les dépenses contraintes annuelles représenteraient 1.059 € en moyenne, soit 35 % des revenus nets moyens des citoyens pour plafonner à 64 % pour les ménages les plus pauvres. 

 

La dépense contrainte qui pèse le plus lourdement sur le budget des Français est, sans surprise, l’immobilier. Le remboursement d’un crédit immobilier ou le paiement d’un loyer représente une part toujours conséquente pour les foyers. En deuxième position, on retrouve le crédit automobile, suivi du crédit à la consommation.


Dans la répartition INSEE cette dépense, limitée aux seuls loyers, entre à hauteur de seulement 6,1% dans l’indice soit six fois moins que la moyenne constatée de 35%.

 

A noter que, pour beaucoup de Français actifs qui doivent se déplacer pour leur travail, le carburant prend sa place dans ces dépenses contraintes mais n’est considéré que pour 4%. 

Moyennes


L’indice fait mention d’une moyenne des prix établie à partir du panier moyen de biens et services pour l'ensemble des ménages. Mais le consommateur « moyen » n'existe pas. A chaque ménage sa propre structure de consommation, et donc sa propre hausse des prix.

 

En outre, chacun a constaté que le calcul d’une moyenne amortit les valeurs extrêmes, ainsi si on a une liste de plusieurs valeurs : 

10, 11, 12, 13, 14, 100, 101,
La moyenne arithmétique sera :        261/7 = 37 
Dans la moyenne arithmétique, le résultat dépend du nombre d’occurrences faibles ou fortes.
Le résultat dépend donc du choix des sources de relevés et de leur nombre.

 

Par exemple, si l’on a un nombre important de relevés des prix d’une denrée dans une région productrice où son prix est moins élevé qu’ailleurs la moyenne sera tirée vers le bas.
 

Qualité constante

L’évolution des prix est calculée «à qualité constante». Les prix sont corrigés des  innovations justifiant un tarif plus élevé, comme une nouvelle génération de smartphone remplaçant la précédente…

 

Par exemple, dans le cas des ordinateurs, si on passe d’un ordinateur avec 2 gigas de mémoire à un ordinateur avec 4 gigas de mémoire, est appliqué un traitement “qualité” pour enlever ce qui, dans l’évolution du prix des ordinateurs, relève du doublement de la mémoire. On fait donc comme si le nouvel ordinateur n’avait que 2 gigas de mémoire, «de façon à comparer le prix des deux ordinateurs identiques: c’est pourquoi on parle de comparaison à qualité constante.»

 

Kolossale finesse ! 

 

C’est un peu oublier qu’on ne pourra plus acheter le matériel de plus petite capacité puisqu’il n’est plus sur le marché, et donc c’est une combine pour faire baisser artificiellement le prix de ce matériel, seul disponible, qu’on paye au prix du marché et non au prix « réduit à qualité constante ».

 

Sachant que la puissance de ces types de matériel double tous les 18 mois, c’est comme on divisait par 2 le prix relevé pour un ordinateur d’un indice à l’autre.

 

Evidemment, on peut supposer que ce principe est appliqué à tout ce qui bénéficie d’amélioration de puissance ou de nouveau dispositifs, autant dire tous les produits manufacturés : Electronique, TV, Smartphones, voitures et leur équipement de plus en plus sophistiqué et électrifié, vélos électriques, outillage, et pourquoi pas une brouette plus légère etc. . .
 

Immobilier

Les prix de l’immobilier ne sont pas pris en compte, l’Insee considérant que l’achat d’un logement est un investissement et non une dépense de consommation.

 

Bin voyons !

 

Le budget logement étant intégré uniquement via les loyers pour 6,1% de l’indice, Quid des charges ?
 

Le panier

Les Français ont parfois l’impression que l’inflation officielle de +1,6% par an, en moyenne, depuis deux décennies, reflète mal leur propre ressenti du coût de la vie.

 

Cela tient au fait que l’IPC est une moyenne, et non un indice comme on nous l’a dit.


C’est ce qui a conduit plusieurs organismes privés à constituer réellement un «panier de la ménagère»


On remarque que depuis 1992 la tendance est, quand même, une hausse des prix de 1,6% par an, soit environ 17% par décennie.
 

Le panier RTL
Le panier RTL du mois d'octobre 2021
Le panier RTL du mois d'octobre 2021

Pour suivre l'évolution des prix du quotidien en supermarché, et ainsi votre pouvoir d'achat, RTL a constitué un panier de treize produits de consommation courante et ira faire les courses chaque mois, pour comparer les tarifs et surveiller l'inflation.


Le premier panier RTL a été constitué dans un hypermarché des Yvelines, à 25 kilomètres de Paris. 

 

À l'intérieur : 
une boîte de six œufs, 
un paquet de 500 grammes de spaghetti, 
une brique d'un litre de lait demi-écrémé, 
une bouteille d'1,5 litre de soda, 
un pack de quatre steak hachés, 
une boîte de 400 grammes de haricots verts extra fin, 
un paquet de céréales, 
un kilo de sucre en poudre, 
un kilo de carottes et un autre de pommes Royal Gala origine France. 
Sans oublier, un tube de dentifrice.

 

Chaque mois, RTL retournera acheter les mêmes produits que dans son premier panier, afin de constater l'évolution de l'inflation et ainsi du pouvoir d'achat des Français.


"Tous les semestres, on voit une augmentation régulière, avant j'en avais pour 150 euros, maintenant c'est plutôt 180 euros", constate un consommateur en 2021 pendant qu'il range ses courses dans le coffre de sa voiture.

 

L'alimentation n'est pas le seul secteur touché par ces hausse de prix. Le gaz, l'électricité, le carburant avec une augmentation de 23% en un an. Même les jouets sont également concernés.

 

On n’est pas au bout de nos surprises. La première étant la durée de vie de ce panier. Dans quelques mois, l’écart sera tellement grand par rapport à l’indice officiel, je ne lui promet pas un très grand avenir.

 

 

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