Les illusions, le biais d’appariement

par Jean Marie Champeau 10 Mars 2022, 10:29 biais de raisonnement

 

Le biais d’appariement

 

Test d’appariement Evans Modifié Jmc
Test d’appariement Evans.

Vous disposez de différentes formes colorées, disques, carrés, losanges ; jaunes, rouges, verts. . .

Vous pouvez placer l'une de ces formes à droite, et une autre à gauche, d'un cadre prévu à cet effet.

 

Dans cette épreuve de psychologie cognitive proposée par Jonathan Evans en 1972, on demande aux sujets d'utiliser ce matériel et de placer deux formes dans le cadre de manière à rendre fausse la règle suivante :

 

«S'il n'y a pas de carré rouge à gauche, alors il y a un cercle jaune à droite»


La majorité des participants placent un carré rouge à gauche, et un cercle jaune à droite. . . ce qui n'est pas une bonne réponse, puisque la règle ne dit rien sur ce qui doit se produire à droite lorsqu'il y a un carré rouge à gauche.


Hé hé. . . .

 

Le biais

 

C'est cette erreur que l'on nomme le biais d'appariement. 

 

L'appariement est le fait d'apparier, de grouper, d'associer, d'assortir par paires. En psychologie, un exercice d'appariement est, dans une épreuve de type QCM, un exercice où l'on doit relier des paires par un trait entre deux listes de mots rangés en colonnes.

 

Le biais d'appariement est l'un des biais du raisonnement déductif qui consiste à se focaliser sur des éléments cités dans l'énoncé de la question. Certes, cela peut s'avérer souvent utile car ce qui est indiqué dans l'énoncé est pertinent mais, dans certains cas, cela peut aussi induire en erreur.

Voir le biais rétrospectif

Ce biais a été illustré à l'aide de situations-pièges en 1966 par le psychologue Peter Cathcart Wason qui a proposé une tâche de sélection, dite de Wason, à quatre cartes(dans le biais rétrospectif), ainsi qu'en 1972 par Jonathan Evans qui a proposé le test du début de l’article, révélant selon lui le biais d'appariement perceptif.

 

Explications

 

paires

 

 

On suppose que ce biais découle d'une tendance à utiliser dans la réponse les éléments cités dans l'énoncé. On "apparierait" nos réponses à l'énoncé. 
 

Ce biais pourrait provenir d'un défaut d'inhibition, c'est-à-dire d'une difficulté à ne pas tenir compte des éléments non pertinents présents en mémoire à court terme.

Depuis, d'autres analyses statistiques ont remis en cause la notion de biais d'appariement en montrant que les erreurs pouvaient s'expliquer par une mauvaise compréhension des consignes de l'épreuve.


Ainsi, l'interprétation de la négation serait un point important dans la difficulté de compréhension de la tâche à accomplir, le biais serait alors induit par le raccourci cérébral d’appariement des éléments indiqués dans l’énoncé.

 


Mais quand même, on s’est fait avoir ! 

Là, les pères vont en mer. Là, les mères vont en paire.

Louise de Vilmorin, L'Alphabet des aveux

biaisappariement

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