Les illusions, l’effet de supériorité de l'image

par Jean Marie Champeau 4 Juin 2022, 07:54 curiosité psychologique

L’expérience

Deux gants l'un orange et l'autre vert posés sur un vieux mur en briques.


Lors d’une expérience, il a été demandé aux participants de mémoriser des paires de mots et des paires d’images de façon aléatoires.

 

On a ensuite réarrangé les paires de sorte que certaines ne soient plus les bonnes, et demandé aux participants de désigner quelles paires avaient été changées et lesquelles étaient restées intactes.

 

Les résultats ont montré que les participants arrivaient davantage à se rappeler des paires d’images intactes que de celles de mots.

 

Ce test est une des expériences qui met en évidence ce qui a été appelé l’Effet de supériorité de l’image. 

 

L’effet
Post-it avec écrit Human-oriented Company.

 

L’effet de supériorité de l’image se réfère au fait que nous retenons mieux les images que les mots, et donc apprenons mieux à partir de visuels que de phrases.

 

On utilise souvent l’expression “mieux vaut un bon dessin qu’un long discours”. 

 

Explication
Deux silhouettes d'une femme et un homme dupliquées plus clairement en surimpression.
Doubles

Le psychologue canadien Allan Paivio a démontré en 1971 l’effet de supériorité de l’image  à partir de la théorie de “double codage”.

 

Nous intégrons davantage les images que les mots car celles-ci sont doublement codées dans notre cerveau.

 

Notre mémoire intègre l’information selon deux codes différents : le code «verbal» et le code «symbolique». 

Or, quand nous sommes face à un stimulus visuel, une image donc, notre cerveau génère à la fois un code symbolique et un code verbal, il code le visuel et l’associe à un ou des mots. 

 

Au contraire, quand nous sommes face à un stimulus textuel, notre cerveau génère uniquement un code verbal, il n’associe pas forcément une image au mot, par exemple pour un concept abstrait. 

 

De fait, lorsque notre mémoire souhaite récupérer l’information codée pour se souvenir de quelque-chose, elle a plus de facilités à « retrouver » les images qui sont doublement codées. 
Ceci explique pourquoi nous avons plus de facilités à la fois pour mémoriser puis pour nous souvenir des images que des mots. 

 

D’autre part notre capacité à assimiler la chose vue vient du fond des âges alors que l’écriture n’a que quelques milliers d’années. 
Un texte écrit ou parlé est plus compliqué à comprendre, il impose une charge cognitive qui n'est pas négligeable. Les associations entre idées ne sont alors pas toujours évidentes, surtout si l'explication est complexe. 

 

En comparaison, un bon schéma rend visible les associations entre concepts, sans pour autant saturer la mémoire de travail. Toutes les associations entre idées sont visibles simultanément, là où le discours, séquentiel par définition, ne le permet pas.

 

Lorsque nous lisons du texte, nous sommes susceptibles de ne retenir que 10% des informations 3 jours plus tard. Si ces informations nous sont présentées sous forme de texte combiné avec une image pertinente, nous nous souviendrons probablement de 65 % des informations dans le même délai.

 

Concrètement 
Une accumulation de lettres en bois.


Un image peu porter en elle une multitude de concepts. Preuve en est, la difficulté qu’on a pour décrire une image avec des mots.

 

Pour s’en convaincre, voyons un petit inventaire, non exhaustif, des points à passer en revue pour mettre des mots sur une image.

 

1) Identifier l’image. Sa nature, photographie, dessin, graphique, affiche, œuvre d’art  etc. . . La technique employée, noir et blanc, couleurs, peinture à l’huile, aquarelle, etc. . .

 

2) Décrire l’image. Lieu et contexte de la scène. Les éléments au premier plan, au second plan, à l’arrière-plan, au milieu, en haut, en bas, à gauche, à droite… Le sujet de l’image, un paysage, des personnages, des animaux, des objets. Identifier les sujets et leurs actions, etc. . .

 

3) Interpréter l’image. Le thème de l’image. Le but informatif et émotionnel de l’image, etc. . .. 

 

Confucius et son aphorisme disant qu’une image vaut mille mots, n’était pas loin du compte.

 

Moralité
Une basket Nike rose et verte sur fond vert sans légende.
sans légende

 

Le principe de supériorité de l’image est appliqué à beaucoup de domaines, que cela soit en termes d’apprentissage pour faire retenir quelque-chose plus facilement, ou encore dans le domaine de la communication, du marketing et de la publicité, pour faire en sorte que l’audience retienne les messages. 

 

Dans notre monde d’immédiateté et de consommation, l’image est un formidable outil de communication.  

 

Mais sa supériorité n'est qu’apparente. L’écriture apporte quelque chose en plus car sinon elle n’aurait jamais vu le jour.

 

Une image est un constat de l’instant ou du passé. C’est un langage au premier degré dont la conjugaison n’aurait que des temps présents et passés. Seule l’écriture permet les évocations futures et conditionnelles ainsi que toutes les subtilités qu’on peut imaginer. . .

 

 

Essayez donc de faire une image représentant la phrase suivante :

Quand on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner.

Michel Audiard

 

 

superioriteimage

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