Les illusions, le biais de pseudo-certitude

par Jean Marie Champeau 24 Janvier 2023, 03:00 biais de jugement

 

Le biais de pseudo-certitude(*)

 

Pifomètre.
pifometre

 

Voici un petit jeu qui a valu au psychologue et économiste américano-israélien Daniel Kahneman, le prix Nobel d'économie pour ses travaux sur la prise de décision(**).

 

 

On propose deux problèmes à deux groupes de personnes.

 

Les choix doivent être faits avant le début du jeu, 

 

 

Problème 1: Considérez le jeu en deux étapes suivant : 

 

Dans la première étape, il y a 25% de chances de passer à la deuxième étape. Si vous atteignez la deuxième étape, vous avez le choix entre :

 

A1. un gain assuré de 30$
B1. 80% de chances de gagner 45$

 

Quelle est l'option que vous préférez ?.

 

 
Problème 2 : Le jeu se déroule en une seule étape. Laquelle des options suivantes préférez-vous ?

 

A2. 25% de chances de gagner 30$
B2. 20% de chances de gagner 45$

 

Comme nous sommes tous assez futés, nous avons remarqué que les choix du problème 2 ont été conçus pour être des formes compressées des choix des deux étapes du problème 1.

 

Pourtant, 74% des participants du groupe 1 ont préféré l'option A1 et 58% des participants du groupe 2 ont préféré l'option B2.

 

L'écart entre les réponses est surprenant puisque les deux problèmes sont conçus pour avoir des résultats identiques. Tout se passe comme si les participants du groupe 1 avaient oublié la première condition du problème 1.

 

Le chercheur a qualifié ce phénomène de biais de pseudo-certitude.

- - -

 

(*) A ne pas confondre avec "l’effet de pseudo-certitude" ou "biais rétrospectif" désignant la tendance à surestimer rétrospectivement le fait que les événements auraient pu être anticipés moyennant davantage de prévoyance ou de clairvoyance, qui considère comme certains les enseignements de l'expérience et que l’on peut résumer par : « Je le savais depuis le début !».

 

- - -

 

(**) Comme quoi ça ne semble pas dur d’avoir le prix Nobel ! En réalité, ce n’était pas pour cette seule expérience mais pour l’ensemble de ses travaux sur la prise de décision et la théorie de la décision, en collaboration avec Amos Tversky.

 

- - -

 

Le biais

 

Le biais de pseudo-certitude est la tendance des gens à percevoir un résultat comme certain alors qu'il est en fait incertain dans la prise de décision en plusieurs étapes. 

 

L'évaluation de l'incertitude du résultat lors d'une étape précédente de décisions n'est pas prise en compte lors de la sélection d'une option lors d'étapes ultérieures.

 

Explication

 

Filtre.
filtre

 

Si l’on calcule le rendement de chacun des problèmes qu’on a vu au début, les choix sont plus clairement mis en évidence.

 

(25% de chance de passer l’étape 1 x 100%, A1 = 25%) chance de gagner 30$. Le même rendement attendu de 7,50$ dans l'option A1 et l'option A2.

 

(25% de chance de passer l’étape 1 x 80%, B1 = 20%) chance de gagner 45$. Le même rendement attendu de 9,00$ dans l'option B1 et l'option B2.

 

Les chercheurs ont conclu que lorsque les gens font des choix à des stades ultérieurs de problèmes, ils ne se rendent souvent pas compte que l'incertitude à un stade antérieur affectera le résultat final. 

 

Puisque les répondants au deuxième problème n’ont pas de conditions de première étape, les répondants au premier problème ont tendance à écarter la première condition lors de l'évaluation de la probabilité globale, mais seulement à considérer les options de la deuxième étape.

 

Le phénomène est également connu sous le nom d'annulation.

 

Moralité

 

Mauvais choix.
mauvais choix

 

Le 23 octobre 2008, Alan Greenspan, l’ex-président de la Réserve fédérale américaine, surnommé le «maestro» de la finance, reconnaît devant le Congrès s’être trompé sur la capacité des marchés à s’autoréguler et sur celle des acteurs de l’économie à agir rationnellement.

 

Pour terminer avec celui par qui j’ai commencé, Daniel Kahneman, il a montré que des décisions peuvent être irrationnelles.

 

Selon lui, Alan Greenspan a gravement sous-estimé «les facteurs psychologiques» et «les erreurs cognitives» qui faussent les raisonnements des acteurs économiques et financiers, ce qui les pousse parfois à prendre des décisions déraisonnables, voire catastrophiques.

 

Enfin, pour se rassurer sur nos propres défaillances mais peut être moins sur celles des experts, Thierry Pelaccia de la Faculté de médecine de Strasbourg SAMU 67, nous dit que 50% des événements indésirables survenant dans la pratique clinique sont liés à des erreurs de raisonnement.

ACCUEIL

 

biaispseudocertitude

effetannulation

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page