L’illusion du langage du corps, la voix
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La voix est le premier vecteur de nos mots. Sans même voir la personne qui nous parle, nous sommes capables de dire si cette dernière est nerveuse, détendue, ou si elle sourit.
Des recherches ont montré que les émotions de base, telles que la joie, la colère et la tristesse, peuvent s'exprimer à travers des intonations, des qualités vocales, des rythmes ou des pauses qui leur sont propres.
Alors qu’une voix normale couvre environ 60% d’une octave en termes d’intonation, une voix déprimée n’en couvre que 20 à 25%. L’élocution chez des patients dépressifs souffre d’un manque de précision, leur débit de parole est ralenti. Ils marquent, lors d’une conversation, de longs temps de pause.
Mécaniquement, l’émission des sons se réalise en expiration et associe les poumons et le larynx. Le poumon agit comme une soufflerie et le larynx comme un vibrateur.
Les cordes vocales viennent au contact l’une de l’autre et vibrent au passage de l’air expiré. Ces vibrations émettrices de sons, résonnent dans les cavités de résonance de la voix.
La voix de chaque humain est unique, du fait de la forme et de la taille non seulement de ses cordes vocales, mais aussi du reste du corps de la personne. Les humains peuvent relâcher ou resserrer leurs cordes vocales, ou changer leur épaisseur, ainsi que changer la pression d'air transférée. La forme de la poitrine et du cou, la position de la langue, et la tension de nombreux muscles peuvent être modulées en produisant un effet sur la hauteur, le volume et le timbre du son produit.
Selon la fréquence qu’ils produisent, les différents mécanismes suivants ont été classifiés. Souvent, en début d'apprentissage du chant, le passage d’un mécanisme à l’autre pose problème. Les chanteurs peuvent apprendre à travailler sur la respiration, le positionnement de la gorge et l'ouverture de la bouche pour moduler les cavités de résonance, et produire des registres de timbre différents.
- Le "strowbass” : essentiellement accessible aux hommes, il est parfois utilisé en voix parlée sur le son «euh» et ressemble à un gargarisme sans eau ;
- La voix de poitrine : c'est le mécanisme le plus fréquent pour un homme. Il permet de produire des sons de fréquence fondamentale comprise entre 80 et 400 Hz ;
- La voix de tête : c'est le mécanisme le plus fréquent pour une femme. Il permet de produire des sons de fréquence fondamentale comprise entre 300 et 1.500 Hz ;
- La voix de sifflet : c'est une voix détimbrée, comparable à une sirène ou un crissement de craie.
Déjà là, on imagine facilement que l’impression de ces différentes fréquences de voix auront un impact sur l’auditoire.
On trouvera de nombreux exemples parmi les artistes de tout poils qui ont mis leur voix au service de leur personnage. À moins que ce ne soit l’inverse. . .
Je ne résiste pas au plaisir de te mettre, cher lecteur, quelques performances variées :
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"Maintenant je sais", est un titre emblématique de Jean Gabin, là. . ..
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Un voix grave n’est pas forcément une garantie de succès. Ainsi une voix d’outre tombe trop caverneuse fait plutôt fuir les gens comme on peut le voir dans cette séquence :
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À une certaine époque, ça faisait classe d’avoir une voix grave.
Voici Boris Christoff, baryton bulgare dans la chanson des marins de la Volga. :
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Mais on peut même devenir très célèbre avec une voix nasillarde comme ce fut le cas de Albert Simon chroniqueur Météo sur Europe 1 des années 60 à 1986.
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C’est le niveau sonore que l’on adapte en fonction du contexte et de l'auditoire. Selon que l’on s’adresse à une ou plusieurs personnes, lors d’une conversation amicale ou une prise de parole en public, il va falloir moduler la puissance de la voix.
C’est une évidence qu’une voix difficilement audible ou n'atteignant pas tout un auditoire renverra un sentiment de non-maîtrise du sujet, de malaise ou de doute quant à l'orateur.
Beaucoup d’entre nous ont le souvenir d’une conférence où l’orateur avait du mal à s’imposer avec sa petite voix à la Guy Beart. Il avait fallu toute la bienveillance de l’auditoire pour qu’il puisse se faire entendre.
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Il s'agit de la vitesse à laquelle nous parlons.
On devrait prêter une attention toute particulière à son débit vocal quand on parle en public, car il est courant de parler beaucoup trop vite dès lors que l'on s'exprime devant une assemblée, dénotant ainsi une certaine nervosité.
La moyenne en France est de 120 à 160 mots par minute.
Le seuil de compréhension d’un message est d’environ de 170 mots par minute. La peur, le trac précipitent généralement le débit.
Un débit rapide entraîne une mauvaise articulation et peut entraver une bonne compréhension du message. Il ne permet pas non plus à chacun d’intégrer l’ensemble des informations.
Je note, et déplore personnellement, le débit oratoire accéléré des jeunes générations, acteurs compris, comme s’ils voulaient vite se débarrasser du peu qu’ils ont à dire et comme s’ils souhaitaient ne pas être compris par ceux qui les écoutent.
Ou bien est-ce moi qui a la comprenette qui se ralentit ?
Un débit soutenu nuit à l’articulation qui donne le sens et la valeur au propos. Une bonne diction passe par une articulation dynamique.
Plus l’articulation est bonne, moins il y a de risque d’interprétation du discours, de distorsion de l’information.
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Voici quelques minutes de conseils sur le sujet prodigués par Jean Sommer(*1), coach en la matière.
Pas mal d’artistes ont mis en avant leur capacité à parler vite pour en faire des performances. Pour peu que la chose soit dite sur un texte pas trop mal ficelé, ça donne des trucs intéressants.
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En prime, écoutons un petit bijou de Charles Trenet : "Débit de l'eau, débit de lait", dans laquelle on reconnaît la patte de Francis Blanche. La chanson est datée de 1942, on croirait bien que l’enregistrement que j’ai choisi, parce qu’on y voit les paroles, est de la même époque tant sa qualité n’est pas terrible, mais ça n’enlève rien à la performance vocale.
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Le ton de la voix donne littéralement vie aux mots. C'est en quelque sorte la mélodie de nos discours. Il est important de moduler le ton afin de capter l'attention des interlocuteurs.
La voix pourra se faire chaleureuse pour l’écoute et l’empathie, plus froide dans le cas de présentation d'éléments purement techniques, ou bien encore puissante dans une allocution de rassemblement pour motiver.
On retrouve ici notre coach Jean Sommer(*1), qui a des choses à nous dire sur le sujet.
Peu de gens aiment entendre leur voix car celle qu’ils entendent, quand ils parlent, est le son déformé qui leur parvient de l’intérieur du corps. C’est toujours une surprise d’entendre un enregistrement de sa propre voix.
Pour certains même c'est un cauchemar. Lors d’une expérience de ce type, 7 % des sondés ont estimé que leur voix est énervante et reconnaissaient qu’elle peut avoir un effet stressant sur autrui. 1 % la qualifiait de 'ridicule', et un autre 1% la trouvait même 'effrayante'.
Pour 5% des sondés, leur voix est un gros handicap dans le monde du travail. Ne l’aimant pas, ils rechignent à parler en public ou pensent manquer de crédibilité auprès de leurs clients ou collègues.
Certains ont même confié ne pas oser candidater en interne, à certains postes, persuadés que leur voix 'ne colle pas' à la fonction.
La voix porte les mots et véhicule les émotions. Les personnes qui ont a s’exprimer en public comme les artistes ou les conférenciers suivent des formations pour bien "placer la voix" et l’on trouve des guides, comme celui ci, qui permettent de remédier à certains défauts.
Identifier sa voix |
Sur quoi travailler |
Voix trop faible |
Le souffle, la respiration abdominale |
Voix trop grave |
Le placement de la voix, l’augmentation du volume |
Voix trop aiguë |
Le placement de la voix, la baisse du volume, relentir le débit |
Voix trop forte |
Le souffle, le placement de la voix |
Voix trop rapide |
L’articulation, le rythme avec pauses et silences |
Voix trop lente |
La fluidité verbale, l’organisation préalable des messages pour éviter de s’écouter et penser au message |
Voix haletante |
Le souffle, la synchronisation respiration / parole |
Fin de phrases inaudibles |
Placement de la voix et le rythme |
Sacha Guitry disait : «Lorsqu'on vient d'entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède c’est encore du Mozart»
Paradoxalement, quand on parle de la voix, il y a aussi une choses importante : ce sont les silences.
Les silences, à ne pas confondre avec des "blancs", doivent être volontaires et maîtrisés, ils permettent de régler le débit et tout simplement de respirer !
Les auditeurs, comme l’animateur, ont besoin de se recentrer sur le discours émis, de retrouver parfois de l’intérêt, de refixer leurs idées, leurs réflexions, de digérer l’information.
La difficulté, je suppose, est de pratiquer le silence sans le verbaliser, c’est-à-dire sans "euh… " !
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(*1) Au cours des 20 dernières années, Jean Sommer a accompagné des centaines de journalistes et animateurs de radio, des dizaines de cadres et de grands dirigeants. En 2011, il a préparé à la présidentielle une personnalité de premier plan du paysage politique français(vous voyez qui? ça prouve son efficacité!).
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Sources
https://www.manager-go.com/efficacite-professionnelle/communication-non-verbale.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Voix_humaine
https://www.strategiesdesantementale.com/ressources/la-conscience-du-langage-corporel
https://www.gereso.com/actualites/2006/01/01/votre-corps-votre-premier-outil-de-communication/
"Maintenant je sais", est un titre emblématique de Jean Gabin. C'est l'adaptation de Jean Loup Dabadie de la chanson anglaise «But now I know» d'Harry Philip Green.
https://www.youtube.com/watch?v=SIeOh03UCGY
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voix
Photo de Rod Flores sur Unsplash
Jean Gabin
voix caverneuse
Boris Christoff
Albert Simon
volume
Photo de Jason Rosewell sur Unsplash
Débit
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parle moins vite !
Jean Sommer, coach vocal
Débit de l'eau, débit de lait
Charles Trenet, disques Columbia 1942
Jean Sommer, l’intonation