Des bruits à rendre malade
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Décembre 2016, un agent de la CIA se rend au bureau médical de l’ambassade américaine de La Havane, à Cuba, se plaignant de nausées, de maux de tête et d’étourdissements.
Quelques jours plus tard, d’autres agents affirment souffrir des mêmes désagréments.
Vers la fin de 2018, ce sont 28 Américains et 13 Canadiens qui ont des nausées, une perte d’audition, du vertige, des saignements de nez et des difficultés à être attentifs, ce qui conduit à nommer le phénomène, Le syndrome de La Havane.
Dans tous les cas, les victimes affirmaient que les symptômes avaient débuté suite à un bruit étrange comme un grincement entendu à l’hôtel ou à leur domicile, et venant d'une direction spécifique. Certaines personnes avaient ressenti une pression, des vibrations ou une sensation comparable à celle de conduire une voiture avec la vitre en partie baissée.
Ces bruits avaient une durée de 20 secondes à 30 minutes et se produisaient lorsque les diplomates étaient chez eux ou dans des chambres d'hôtel. Les autres personnes à proximité, y compris les membres de la famille et les invités des chambres voisines, n'avaient pas ressenti les mêmes symptômes.
Certains insistaient sur le fait que le son ressemblait à celui que font des billes roulant au sol.
Le corps médical était déconcerté, on ne savait pas ce qui avait rendu ces gens malades.
S’agissait-il d’un nouveau type d’arme?
En 2019 et 2020, certains représentants du gouvernement américain ont attribué les incidents à des attaques perpétrées par des acteurs étrangers non identifiés, et des responsables américains ont évoqué des armes à ultrasons ou à micro-ondes.
Pourtant, la CIA affirma ne connaître aucune arme capable de provoquer de tels symptômes.
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Selon une des théories, une paire de dispositifs d’écoute secrète situés trop près l’un de l’autre par les agents cubains aurait pu produire une telle réaction. Un peu comme le son de retour, lorsqu’on se tient trop près d’un micro.
Devant les soupçons d’attaque sonore par des barbouzes cubains, le gouvernement de La Havane réfuta avec insistance toute responsabilité dans l’affaire.
Des enregistrements sonores remis par quelques-unes des victimes n’avaient fait qu’embrouiller la chose
Peut-être que n’était-ce que de l’anxiété. «Cuba est un poste très stressant, et très dangereux», indique un ex-haut fonctionnaire de l’ambassade américaine. Les diplomates sont prévenus qu’ils seront surveillés en permanence et qu’il y aura des appareils d’écoute dans leur résidence, et probablement dans leur voiture ce qui suppose une charge mentale d’anxiété.
Les Américains rappelèrent 60% de leur diplomatie cubaine et expulsèrent 15 diplomates cubains de Washington.
Ces sons mystérieux ne se limitèrent pas à Cuba, jusqu'à 2021, plusieurs centaines de responsables militaires et du renseignement américains et leurs familles ont signalé avoir présenté des symptômes à l'étranger, notamment en Chine, en Inde, en Europe, à Hanoï, et même à Washington D.C., aux États-Unis.
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À partir de 2022, plusieurs études ont été publiées, mais aucune d'entre elles n'a trouvé de preuve que les affections signalées étaient le résultat d'actions d'une puissance hostile.
Une étude de 2024 indiquait que le syndrome de La Havane pourrait bien être une peur sanitaire alimentée par une "panique morale", et que ce n'était rien de plus qu’une catégorie fourre-tout regroupant les facteurs et réactions de stress sous une seule étiquette.
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Le bruit mystérieux, aigu et assourdissant que les diplomates entendaient à leur domicile, et qui a été à l’origine d’une véritable crise bilatérale, pourrait être en réalité. . . le chant d’un insecte.
Deux biologistes pensent avoir identifié le coupable : le grillon à queue courte de De Geer.
Les sons émis par les mâles de cette espèce de grillon dans leur parade nuptiale sont presque identiques à ceux de l’enregistrement des diplomates. La seule différence est le caractère plus erratique des bruits captés à Cuba, qui tiendrait au fait qu’ils résonnaient dans un espace fermé.
Ces insectes sont très bruyants et le son émis peut atteindre 120 décibels alors que les autres espèces plafonnent à 90 décibels. Un scientifique spécialiste de ces animaux vous dira : «Vous pouvez les entendre de l’intérieur d’un camion diesel roulant à bonne allure sur l’autoroute».
Fermer le ban !
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Sources
https://en.wikipedia.org/wiki/Havana_syndrome
https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_La_Havane
https://fr.wikipedia.org/wiki/Anurogryllus_muticus
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Hall d’entrée de la CIA
Une quarantaine d'Américains basés à La Havane, dont certains membres de la CIA, avaient souffert des mêmes symptômes peu communs.
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Cuba
Pertes d’audition, vertiges, maux de tête ou encore problèmes cognitifs, entre 2016 et 2017, ils étaient une quarantaine d’employés d’ambassades américaines à avoir ressenti ces mêmes symptômes non seulement en Russie mais aussi en Chine, Allemagne, Autriche et plus particulièrement à La Havane. | EPA-EFE
le grillon à queue courte de De Geer