L'illusion du dilemme du hérisson

par Jean Marie Champeau 28 Avril 2025, 02:00 curiosité psychologique

 

Le paradoxe du hérisson

 

Trois hérissons.

 

On ne compte plus les sites internet qui abordent le sujet du paradoxe du hérisson. 


Peut être est-ce là, le plus important du sujet qui nous préoccupe aujourd'hui, comme si sa fréquence était un témoin du mal-être de nos contemporains.

 

Le dilemme du hérisson est une métaphore sur la difficulté des rapports humains.

 

Il décrit une situation dans laquelle un groupe de hérissons cherche à se rapprocher afin de partager leur chaleur par temps froid. Malheureusement, ils doivent rester éloignés les uns des autres car, trop près, ils se blesseraient mutuellement avec leurs épines. Bien qu'ils partagent tous l'intention de se rapprocher, cela ne peut pas se produire, pour des raisons qu'ils ne peuvent pas éviter.


Arthur Schopenhauer et bien d’autres ont utilisé ce paradoxe pour décrire l'état d'un individu dans sa relation à autrui. Le dilemme du hérisson suggère que, malgré la bonne volonté, l'intimité ne peut exister sans préjudices mutuels.

 

Sur la société
Une vue de Dijon.
en ville

 

Depuis la nuit des temps, l’humain a évolué en bande, en tribu, parce qu’il n’est pas performant seul. Les chances de survie d’un humain isolé sont faibles.

 

Qu’on mette ce besoin de regroupement sur le compte de l’instinct grégaire ou sur la seule nécessité d’être plus performant, il est évident que les individus ont besoin des autres pour vivre et se protéger.

 

L'homme comme animal social recherche la chaleur, l'amitié, l'amour, l'intimité, tout en luttant pour préserver son espace personnel et ne pas souffrir. Seulement, malgré la bonne volonté d'être proche, l'intimité suppose parfois des préjudices, comme le risque de vulnérabilité, de blessure, voire de trahison.

 

Cette dualité qui persiste dans les relations humaines pousserait certains à développer une attitude méfiante et la difficulté à s'ouvrir aux autres, qui résultent d'une peur de l'abandon ou de la souffrance. A l'inverse, d'autres cherchant sans cesse la validation ou la présence de leur entourage tenteraient de combler un vide émotionnel via des relations fusionnelles, pouvant les blesser.

 

Or, la société n’est pas la résultante d’un regroupement de confort ou de lien social. C’est aussi une nécessité. À partir de la famille, les groupes d’individus se sont créés et structurés. Il y a un côté utilitaire à une société. Chacun a sa tâche. 

 

Que ferions nous si le boulanger ne se levait pas tôt pour façonner notre pain, si les agents de nettoiement ne prenaient pas nos poubelles ?


Dans nos sociétés toujours plus connectées, le concept prend de nouvelles couleurs : réseaux sociaux et smartphones offrent une connexion illimitée, qui paradoxalement, renforce les sentiments d'isolement et de vulnérabilité. 

 

Une étude de l'Université de Pittsburg, indique qu'il existe un lien entre l'isolement et l'utilisation importante des réseaux sociaux. "Nous sommes des créatures fondamentalement sociales, mais la vie moderne a tendance à nous compartimenter plutôt qu'à nous rapprocher", expliquent les chercheurs.

 

Sur la politesse
Politesse.
politesse

 

 

La politesse est fille de prudence et une forme d’investissement ; l’impolitesse est donc niaiserie : se faire, par sa grossièreté, des ennemis sans nécessité est une erreur ; c'est comme si l'on mettait le feu à sa maison. 


De même que la cire, dure et cassante par nature devient, moyennant un peu de chaleur si malléable qu'elle prend toutes les formes, on peut, par un peu de politesse et d'amabilité, rendre les relations plus souples.

 

Dans nos interactions sociales, qu'elles soient digitales ou réelles, le concept de Schopenhauer continue de résonner, nous invitant à trouver l'équilibre dans nos relations. Comme chez les hérissons, une solution viable ne peut se dessiner qu'après avoir testé, expérimenté et enfin, trouvé la bonne distance.

 

S'éloigner quand il le faut
Une femme seule lève les mains vers le ciel.
seule

 

Amitiés toxiques, familles dysfonctionnelles, proches trop éloignés de nos valeurs : la complexité des trajectoires sociales force pourtant parfois à se distancer pour se préserver. 

 

Alors que les rapports familiaux sont souvent perçus comme source d'épanouissement, de soutien ou d'apaisement, l'éloignement est primordial lorsque ces liens sociaux sont la cause de blessures.

 

Les chercheurs spécialisés dans le stress, indiquent que les interactions sociales bien que nécessaires pour l'humain peuvent être néfastes si elles génèrent trop de stress. 

 

Certaines personnes ont des besoins énormes de liens sociaux, d’autres sont contents d’être seuls 80 % de leur temps mais ravis des 20 % qu’ils passent avec d’autres.


Dans les relations, on ne peut pas être dans tout, ni dans le rien, explique la psychologue, Line Mourey. Si on est dans le tout, on est oppressé. Si on est dans le rien, on est dans le rejet, et ce n’est pas mieux. Il y a une bonne distance à avoir qui dépend de la personne qui se trouve en face de nous.


Line Mourey détaille : «On n’a pas tous les mêmes besoins. Et ils ne sont pas forcément compatibles au même moment. Par exemple, si vous voulez prendre de la distance avec un ami à un certain moment, ce n’est peut-être pas son cas. Lui a peut être besoin d’être proche de vous. Il est donc important de savoir faire des compromis.»

 

La distance prise avec ses proches ne veut pas dire qu’on ne les apprécie plus. «Parfois, on n’est pas en relation avec les gens», fait remarquer la spécialiste. Et ce n’est pas grave, ça nous fait du bien. 


La métaphore des hérissons, en fin de compte, continue d’offrir une réflexion riche sur la nature humaine, soulignant à la fois nos besoins fondamentaux de connexion et les défis inhérents à leur satisfaction. Elle nous rappelle que l’équilibre dans nos relations n’est pas seulement souhaitable, mais essentiel à notre bien-être psychologique.

 

 

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Les six membres de l'équipage de la SSI 2016, Expédition 50 puis 51. Kate Rubins, Anatoli Ivanichine, Takuya Onishi, Peggy Whitson, Oleg Novitski et Thomas Pesquet photographiés devant le lanceur Soyouz (2016). 
Les six membres de l'équipage de SSI 2016


Quand on a demandé à Thomas Pesquet(*1) l’élément premier de réussite pour un voyage aussi extraordinaire que le sien, il a répondu en illustrant son propos avec un dessert à la cerise. 

 

La nourriture étant toujours la même, il lui arrivait de se priver de ce dessert pour le laisser à un membre de l’équipe qui trouvait plus de plaisir que lui à en manger.

 

Au fil du temps, il s’est aperçu que les autres membres de l’équipage faisaient de même pour lui alors qu’aucun d’eux ne s’étaient concertés !

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(*1) Pour les ignares que nous serons un jour, il est bon de dire qui est Thomas Pesquet.

 

Thomas Pesquet est un spationaute français. Il est le dixième Français à être parti dans l'espace. C’était de 2016 à 2017 l’astronaute français qui a passé le plus de temps dans la station orbitale.

 

Au cours de son séjour, il a réalisé les photographies du premier Google Street View de la Station spatiale internationale, qui permet de l'explorer virtuellement en trois dimensions depuis son ordinateur.

 

Pendant ses six mois dans la station, Thomas Pesquet a pris sur son temps libre plus de 85 000 photos de la Terre, de la vie à bord ou des tâches quotidiennes de l'équipage. Il a publié quotidiennement les plus réussies (environ 2 500) sur les réseaux sociaux. La beauté de la Terre vue du ciel à travers ses clichés et la simplicité avec laquelle il a partagé son aventure ont généré un suivi massif de ses publications.

 

Il a invité l'art de vivre et la gastronomie française à bord de la station spatiale, avec des plats préparés par Alain Ducasse ou Thierry Marx et consommés pour les grandes occasions.

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En ville

Une vue de Dijon

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politesse

Photo de Erke Rysdauletov sur Unsplash

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Seule

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Les six membres de l'équipage de la SSI 2016. Expédition 50 puis 51.

Kate Rubins, Anatoli Ivanichine, Takuya Onishi, Peggy Whitson, Oleg Novitski et Thomas Pesquet photographiés devant le lanceur Soyouz (2016).

Par NASA/Alexander Vysotsky — https://www.flickr.com/photos/nasahqphoto/27421359544/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49940817

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/97/Expedition_48_Prelaunch_%28NHQ201607020004%29.jpg/800px-Expedition_48_Prelaunch_%28NHQ201607020004%29.jpg

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