Les illusions dans la guerre, 1945, les assauts imaginaires de Hitler

par Jean Marie Champeau 22 Janvier 2024, 03:00 guerre

 

1945, les assauts imaginaires de Hitler


 

« Répondez immédiatement :

 

1. Où se trouve l’avant garde de Wenck ?
2. Quand va-t-il attaquer ?
3. Où se trouve la 9eme armée ?
4. Où la 9eme armée va-t-elle intervenir ?
5. Où se trouve l’avant garde de Holste ?

 

Lundi 30 avril 1945, 3h00, dans la salle des transmissions du führerbunker, Rochus Misch est de nouveau réveillé par un message radio de la part du général Jodl qui répond aux questions :

 

« 1. L’avant garde de Wenck est bloquée au sud du lac de schwielow.
2. Dès lors la 12e armée ne peut poursuivre son attaque sur Berlin.
3. La 9e armée est complètement encerclée.
4. L’avant garde de Holste a dû prendre une position défensive.

 

Les attaques sur Berlin n’ont progressé nulle part. »

 

Exaspéré, Hitler ordonne à Martin Bormann d’envoyer un message à l’amiral Dönitz:


« Une action immédiate et impitoyable doit être menée contre les traîtres »


Dans le Führerbunker, Hitler était de nouveaux en pleine hallucinations. Il ne parlait plus que de la 12eme Armée du général Wenck qui allait libérer Berlin et infliger une cuisante défaite aux forces Soviétiques autour de la Capitale. . .

 

" La Situation à assez duré, les Hordes Rouges vont êtres totalement anéanties au-delà de l'Oder, mon plan est en marche, la 12e Armée du général Wenck arrive du Sud-Ouest elle vient de dégager la 9e Armée du général Busse et ensemble elles marchent sur Berlin afin de porter un coup terrible sur les arrières Soviétiques, en même temps le Maréchal Schörner venant du Sud avec le Groupe d'Armées Centre et les 4e Panzer Armée, 17e Armée, 1er Panzer, 8e Armée et la 7e Armée, attaquera entre Dresde et Görlitz sur l'axe de Berlin. Les Soviétiques seront anéantis dans et en dehors de Berlin. . . ensuite nous reprendrons Varsovie et Budapest jusqu'à l'anéantissement des Hordes Rouges "

 

Dans le Führerbunker il règne une atmosphère qui ressemble aux chaudes journées de Juillet 1941 quand les Panzer Divisions et les armées Allemandes avalaient les Kilomètres, où rien ni personnes ne pouvait stopper leur irrésistible marche vers Moscou.

 

Cet effet était dû à l'annonce prochaine de la 12eme Armée de Wenck qui selon les rumeurs les plus fantasques se serait déjà emparé des faubourgs Sud de Berlin et taillé en pièce la 3e Armée Blindée ennemie. 


Une autre rumeur disait que avec la 12eme Armée s'était ralliée aux 1ere et 9eme Armées Américaines et attaquaient les Russes autour de Berlin(*1).

 

Wenck était de toutes les conversations toujours aussi fantaisistes les unes que les autres si bien que le Général Dethleffsen Adjoint à l' O.K.W. déclare : 

 

" Il règne là-bas au Führerbunker une Atmosphère d'ivresse collective doublé d'un climat de total aberration menant à l'hypnose collective. "

- - -

 

(*1) Ce raisonnement a une certaine logique dans l’esprit de Hitler car il a toujours été persuadé que les anglo-saxons dont l’Allemagne ferait partie, devraient, un jour, affronter les soviétiques. Ce qui, au passage, était la thèse de Patton. En cela il avait quelques décennies d’avance, mais il se refusait à croire que la priorité du moment était de mettre à bas l’Allemagne.

 

- - -

Carte soviétique de la bataille de  Berlin
carte soviétique de Berlin

 

Aucune armée Allemande en ce 25 Avril 1945, même regroupée, ne pourrait mettre fin au siège de Berlin. Tout au plus elles enfonceraient un coin dans les faubourg extérieur au Sud de Berlin

 

Mais la suprématie aérienne des Alliés, la masse blindée et la surpuissante artillerie Soviétique, auraient vite fait de transformer cette chevauchée du désespoir en chemin de croix.

 

L'Allemagne n'était plus que cendres et ruines. Plus aucune ville et grande ville n'était debout, les villages étaient détruits à 65% de l'Elbe à l'Oder.

 

La 9eme armée
La poche de Halbe.
la poche de Halbe

 

La 9ème Armée est entrée en service le 15 mai 1940. 

 

C'est elle qui aura la charge de défendre les hauteurs de Seelow lors de l'offensive soviétique sur Berlin, elle est commandée par Theodor Busse.


Le 19 avril 1945, le premier front biélorusse, dirigé par le maréchal Georgi Joukov, attaqua les lignes allemandes situées à environ 70 km à l'est de Berlin

 

Les Allemands furent contraints de battre en retraite. 

 

Quelques unités se dirigèrent au sud-ouest, vers les communes de Halbe et de Märkisch Buchholz

 

Le refus obstiné de Hitler de faire se replier la 9eme Armée de Busse entraînera son encerclement dès le 22 avril 1945, et opérèrent alors dans une poche de plus en plus restreinte se dirigeant vers la ville de Halbe

 

Entre 150 000 et 200 000 soldats se trouvaient dans cette poche auquel venaient s'ajouter des milliers de réfugiés, des habitants de la région et des familles de militaires. Le général Busse donna l'ordre d'en sortir. 

 

Son objectif était d'atteindre les positions de la 12eme armée allemande, dirigée par le général Walther Wenck, pour ensuite rejoindre la rive occidentale de l'Elbe

 

Une première tentative de percée eut lieu le 24 avril 1945, dans la ville de Halbe. Plusieurs autres tentatives suivirent, entraînant des combats acharnés dans la ville et ses environs. 

 

Les tirs soviétiques, soutenus par des attaques aériennes massives, furent extrêmement dévastateurs. 

 

Les forces allemandes subirent de très nombreuses pertes humaines et, au total, plus de 40 000 personnes périrent dans la poche de Halbe. Seuls quelque 25 000 soldats allemands parvinrent à atteindre l'Elbe.

 

Pendant la période du 4 au 8 mai 1945, les restes de la 9eme Armée, rattaché à la 12eme Armée traversent la rive ouest de l'Elbe et se rendent à la 9eme armée américaine. 

 

La fameuse 12eme armée de Wenck
Walther Wenck.
Walther Wenck

 

La 12eme Armée de Wenck tant attendue est censée infliger une correction aux troupes Soviétiques engagées dans Berlin.

 

Dans le bunker, les rumeurs circulent. La 12eme Armée de Wenck se serait déjà emparé des faubourgs Sud de Berlin et taillé en pièce l'armée russe. . .

 

Le 10 avril 1945, Wenck avait été nommé commandant de la 12eme armée allemande située à l'ouest de Berlin, suite à son succès dans l'opération "Solstice" du 15 au 18 février 1945 impliquant une contre-attaque allemande qui arrêta les forces de Joukov, retardant son offensive contre Berlin de deux mois.

 

En réalité, la zone contrôlée par la 12eme armée de Wenck, à l'est de l'Elbe, était devenue un vaste camp de réfugiés, alors que les civils allemands fuyaient l'itinéraire emprunté par les troupes soviétiques.

 

Wenck prit soin, non sans difficultés, de fournir nourriture et logis aux réfugiés. On estima, à une certaine période, que la 12eme armée nourrissait un demi million de personnes chaque jour. Wenck cessa les combats avec les Américains, peu de temps avant la bataille de Berlin, avec l'ordre de secourir la ville. 

 

Son armée, formée récemment, se tourna subitement vers l'est et dans une confusion générale, elle prit par surprise les Soviétiques qui encerclaient la capitale du Reich. Hitler considéra la poussée de Wenck comme le dernier espoir de Berlin.

 

Les troupes de Wenck se dirigèrent vers Berlin, mais furent stoppées hors de Potsdam par une forte résistance de l'Armée rouge. 

 

Incapable d'atteindre Berlin, Wenck planifia de se déplacer vers la forêt de Halbe, au sud-est de Berlin, et de rejoindre le reste de la 9eme armée qui retraite depuis le 19 Avril, et la garnison de Potsdam, tout en ouvrant une voie permettant aux habitants de Berlin de s'enfuir. 

 

Dans la nuit du 28 avril, Wenck signale à l'OKH-Oberkommando que sa douzième armée a été contrainte de battre en retraite sur tout le front. Cependant, Hitler a spécifiquement insisté sur ses ordres initiaux à Wenck.

 

Wenck avait entendu les appels angoissants criant à l'aide sur des fréquences radio ouvertes des petits restes de la 9eme armée, ainsi que des civils, désespérés de fuir Berlin.

 

Il aurait pu éviter de nouveaux combats et se rendre facilement aux Américains mais, il ne s'agissait plus de Berlin, il ne s'agit plus du Reich ou d'Hitler, la tâche était de sauver les gens des Russes.

 

Le général Wenck a désobéi aux ordres directs d'Hitler d'attaquer Berlin depuis l'Elbe. Au lieu de cela, il a mené une attaque au sud-est de Berlin qui surprend les russes pour fournir un couloir aux restes de la neuvième armée allemande et surtout, aux milliers et milliers de civils piégés par les soviétiques, cherchant à s'échapper à l'ouest de l'Elbe et à se rendre aux Américains.

 

Une fois de plus, épuisés avec très peu de munitions, les restes de la 12eme armée ont violemment attaqué les Russes encerclant Berlin pour percer un trou et créer le couloir salvateur. Ayant atteint le point le plus avancé de son attaque, Wenck a appelé les Berlinois en leur disant « Dépêchez-vous, nous vous attendons ! »

 

Il s'agissait d'un message radio non codé, garantissant ainsi que toutes les unités militaires et les civils pourraient l'entendre et se mettre en sécurité. 

 

Cela signifiait également que les soviétiques pouvaient en prendre connaissance, et ainsi utiliser toute leur puissance militaire pour détruire le couloir créé par la 12eme armée.

 

Très vite, les forces soviétiques commencèrent à percer les lignes allemandes. Le général Wenck appela à nouveau avec passion ses hommes à « Tenez le couloir ! ». 

 

Lorsque le général Wenck décida de traverser l'Elbe à son tour, son embarcation subit les tirs des troupes soviétiques, deux de ses officiers furent blessés dont l'un mortellement. 


Chaque vie que la 12eme armée a donnée a sauvé des dizaines de vies, et ils l'ont fait, pas pour le Reich, certainement pas pour Hitler mais pour leur propre peuple.

 

Les estimations varient, mais l'on estime que le corridor ouvert par ses troupes a permis à 250 000 réfugiés, incluant 25 000 hommes de la 9eme armée, d'échapper à l'avancée de l'Armée rouge.


Il ordonna de se rendre aux Américains afin d'éviter d'être capturé par les Soviétiques. 

 

Walther Wenck fut le plus jeune général de l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Il revint de captivité à la Noël 1947.

 

La défense de Berlin
La bataille de Berlin.
bataille de Berlin

 

Une petite semaine avant, le Mercredi 25 Avril 1945 avait commencée la véritable bataille de Berlin. 

Pour les défenseurs de la ville il n'y a plus aucun espoir que la mort ou la capture par les Soviétiques.


Pour le général Weidling, la situation est facile à comprendre ce n'est plus David contre Goliath, mais une Fourmi contre un Éléphant.


La supériorité est telle chez les Soviétiques, qu'il ne comprend pas comment ceux-ci n'ont pas encore investi la totalité de la ville !

 

Mais les Soviétiques ont commis un nombres incalculable d'erreurs lors de l'attaque sur Berlin. Le Maréchal Joukov, fidèle à lui-même, à mené ses armées dans Berlin comme dans les grandes Steppes de la Russie


Joukov veux arriver avant Koniev au Tiergarten, et pour ce faire la tactique de masse est la plus rentable, mais très coûteuse en hommes et en Chars.

 

Pour affronter l'onde de choc Soviétique, le général Weidling dispose d’environ 100.000 hommes et quelques dizaines de blindés légers pour défendre le centre de Berlin, en comptant les membres de la Volkssturm, de la Jeunesse Hitlérienne, de la Police et du personnel de bureaux. 

Membres du Volkssturm armés de Panzerfaust dans les rues de Berlin en mars 1945.
membres du Volkssturm armés de Panzerfaust

 

Une fois les faubourgs conquis, au prix de lourdes pertes en hommes et en matériel, la prise de la ville proprement dite commence le 25 avril. 

 

Les obstacles mis sur la route des Soviétiques vers le centre-ville sont balayés les uns après les autres. A partir du 28 avril, le quartier général de la police, à la fois siège de la police et prison, défendu pendant 36 heures par des policiers et des SS fanatisés, subit une solide préparation d'artillerie.

 

Le lendemain, les ponts sur la Spree tombent. 

Le pont Moltke, massivement miné et défendu depuis l'autre rive, est pris d'assaut avec l'immeuble du ministère prussien de l'Intérieur, défendu avec acharnement par une troupe hétéroclite de SS, de marins, d'aviateurs et de soldats de la Wehrmacht. 

 

Les combats font rage dans le quartier des ministères, autour du Reichstag et du Führerbunker défendu par des volontaires SS de différentes nationalités.

 

Parmi ces derniers combattent les Scandinaves et les Hollandais de la 11e SS-Division Nordland, à laquelle a été rattaché le groupe de combat Charlemagne, regroupant quelque 300 Français, du capitaine Henri Fenet, ainsi que des éléments aussi épars que des Espagnols du capitaine Izquierda, des Baltes rescapés des combats de Lituanie et jusqu'à 3 ou 4 Britanniques du SS British Free Corps.


Le 30 avril 1945, peu de temps avant que le Reichstag ne soit pris à 22h50, la radio berlinoise réussit à diffuser, pour la dernière fois, La Marche funèbre de Siegfried. Celle-ci annonçait la fin du Troisième Reich. 

 

Les temps des illusions germaniques prenait fin.

 

La guerre froide commençait.

 

 

armeesfantomeshitler

armeesfantomes

armeesfantome

armeefantome

assautsimaginaireshitler

assautsimaginaires

assautsimaginaire

assautimaginaire

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page