Les illusions, l’indexation partielle

par Jean Marie Champeau 6 Septembre 2022, 02:00 biais de mémoire

 

L’indexation partielle

Charles Bronson.

Le psychologue dit :


« Ce test est vraiment très simple.
« Je vais prononcer un mot et vous devez répondre, très vite sans réfléchir par le premier mot qui vous viendra à l’esprit.
« Par exemple si je vous disais "bonheur" vous pourriez répondre "enfant"

 

Wladislaw répond :
- Je ne répondrais pas ça !


« C’est un exemple. Mais si je disais «ambition» qu’est ce que vous diriez ?

 

- Je ne dirais rien du tout.


« Bon. . ., si on essayait, d’accord ?
. . .

 

- humm.

 

« Armement.

 

- Football.

 

« Revolver.

 

- Ailier gauche.

 

« Officier.

 

- Hors jeu
. . .

 

« Vous. . . vous sembler pensez uniquement à un sport qui vous est familier.

 

- Oui, A quoi est que vous pensez vous ?

 

« C’est pas ça, il ne faut pas que votre esprit tourne autour d’un seul sujet. . .Il faut vous concentrer sur le sens de chaque mot que je vais vous dire, d’accord ?

 

- D’accord.

 

« Manger.

 

- Quinte flush

 

- Confort

 

- Carré d’as

 

« . . .qu’est ce qui vous à fait dire ça ?

 

- Je vous ai dit ce que je pensais
. . .

 

 

Ce dialogue surréaliste, tiré du film «Les 12 salopards» de Robert Aldrich, entre Charles Bronson alias Wladislaw, et le psychologue, illustre une méthode révélant la personnalité d’un sujet.

 

Une technique voisine permet de remémorer des items d’une liste : l’indexation partielle.

 

Le biais

 

L’indexation partielle est une expérience consistant à demander aux sujets de mémoriser des items puis d’utiliser une partie de ces items comme indices pour rappeler les autres items. 

 

Par exemple, l'individu apprend des listes de deux mots, par exemple « chien, chat » ; « fraise, framboise », et lors du rappel, l'observateur dit « chien », « fraise » et la personne doit fournir l'autre terme.

 

Indiçage ou indexation ?

 

Dans beaucoup de publications relatives à cette technique, on trouve le terme «Indiçage partiel», dérivé, je suppose, de «indice», c’est à dire ce qui met sur la piste de la découverte. 

 

Je pense que le terme «indiçage» évoque plutôt, en français, une numérotation et je lui préfère le terme «indexation» qui évoque plus, pour moi, un outil de recherche. 

 

C’est pourquoi j’utilise le terme «indexation» avec «indice».

 

aller voir

Dans le biais de mémoire  «l’échec de récupération», c’est à dire la difficulté de retrouver un mot qu’on a sur le bout de la langue, on voit qu’un bon moyen de récupérer ce souvenir enfoui dans la mémoire est de procéder par association d’idées : l’indexation.

 

Pour plus de détail sur l’échec de récupération aller voir là. . .

 

Efficacité de l’indexation partielle
Une loupe sur des points d'interrogation.
indices

Il y a deux processus essentiels dans la mémorisation.

 

- L’encodage : c’est le processus automatique par lequel les caractéristiques de l’information
seront traitées et converties en souvenir par l’intermédiaire de l’indexation qui est inconsciente.
On observe des stratégies d’organisation ou de catégorisation, l’utilisation de liens avec le vécu ou l’environnement, et d’images mentales.

 

- La récupération : c’est le processus qui permet d’avoir accès au souvenir en réinstallant les mêmes indexations mises en place lors de son encodage.


Peu de travaux ont été entrepris sur le sujet et leurs conclusions divergent.

 

Certaines expériences concluent que l’indexation améliore la récupération, alors que d’autres constatent une détérioration des performances de la mémoire.

 

En 1982, le chercheur américain Laird S.Cermak, de l’université de Boston, avait constaté des performances identiques entre la présentation d’un indice très corrélé à l’information et celle d’un indice moins corrélé à l’information.

 

Ses résultats ont montré, en revanche, que les patients touchés par le syndrome de Korsakoff, une certaine forme d’amnésie, étaient particulièrement aidés par une relation forte entre l’indice et l’item.

 

A noter que l’indice est utilisé spontanément par les patients de temps à autre.

 

Mon explication
Un verre d'alcool.

Je pense que la cause de la piètre efficacité de l’indexation partielle, n’est pas dans le fonctionnement de l’indexation mais dans la façon d’établir les correspondances entre les items et les indices.

 

Dans les expériences d’indexation qui ont été tentées jusque là on utilise le même canal cognitif pour la mémorisation des items et de leur indice associé en les proposant tous les deux à la lecture.
Si la capacité d’apprentissage est endommagée pour les items elle le sera pour les indices.

 

De mon point de vue il n’est pas possible d’établir et de forcer une indexation car chacun, par son vécu et son environnement culturel, établit sa propre association qui reste inconsciente.

 

Les associations proposées par les expérimentateurs qui ont débouché sur des cas positifs étaient probablement des évidences culturelles(*) avec de grandes chances de succès. Les échecs, en revanche, ne devaient pas correspondre au vécu des sujets des expériences.


Preuve en est que dans certaines expériences évoquées, l’indice était utilisé spontanément par des patients de temps à autre.

 

Ainsi, si je vous dis «eau de vie», certains feront l’association avec «cerises»(**1), d’autres vous diront «goutte»(**2), d’autres encore «cuites»(**3). Mais si l’on pose la question à un amérindien peut être vous dira-t-il «feu»(**4)

 

A l’inverse, si un expérimentateur s’aventure à associer la couleur rouge à «cerises» il se peut bien que son volontaire ne retienne pas l’indexation qu’on lui propose surtout s’il n’a vu, dans sa vie, que des cerises Bigarreau jaune.

- - -

 

(*) Ce qu’on considère probablement comme " relation forte entre l’indice et l’item".

 

- - -

 

(**)     1- Cerises à l’eau de vie.

2- En langage familier, on dit aussi «gnôle».

3- Ivresses, bien sûr, pas les carottes.

4- Eau de feu. Non que le sujet soit un cracheur de feu mais c’est comme cela que les indiens du nouveau monde dénommaient l’eau de vie.

 

- - - 

 

Mon hypothèse

Je pense que les associations d’idées sont propres à chaque personne. Elles ont été inscrites automatiquement et sont le résultat de son vécu.

 

Par conséquent, il me semble qu’un bon moyen d’obtenir une quasi parfaite récupération des items à mémoriser serait de d’abord demander les indices correspondants que le sujet lui même à en lui, et ensuite seulement de procéder à la récupération des souvenirs.

 

Je suis presque sûr que, par exemple si on demande une centaine de ses associations à la personne, pour ne faire l’expérience de la récupération que sur une partie, la totalité des indexations fonctionneront. 

 

Mais là, le serpent se mord la queue, cela ne marche que pour des souvenirs fraichement mémorisés lors d’une expérience. Pour retrouver des souvenirs enfouis et "oubliés", il faudrait que le sujet se souvienne des indices qui ont été encodés à l’époque du codage ! 

 

Et ça, c'est pas gagné!

Vil camus, sot camard, tête plate, apprenez
Que je m'enorgueillis d'un pareil appendice,
Attendu qu'un grand nez est proprement l'indice
D'un homme affable, bon, courtois, et spirituel. . .

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

 

 

indexationpartielle

Sources

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Douze_Salopards

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Bronson

https://skosmos.loterre.fr/P66/fr/page/-Q7S86FZW-7#:~:text=Définition(s),pour%20rappeler%20les%20autres%20items.

http://vetopsy.fr/comportement/memoire/memoire-modeles-definitions.php

 

Le rôle de l'indiçage sur la récupération des souvenirs auxquels on ne croit plus

Gathoye, Gwendoline

https://lib.uliege.be https://

http://hdl.handle.net/2268.2/10627

 

Aurore Dupont. L’apport de l’indiçage dans les troubles de la mémoire du syndrome de Korsakoff.

Médecine humaine et pathologie. 2014. ￿dumas-01502783￿

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01502783

https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Korsakoff

 

 

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