Les illusions, l’erreur fondamentale d'attribution

par Jean Marie Champeau 20 Avril 2023, 02:00 biais d'attribution

 

Le biais de l’erreur fondamentale d'attribution

 

«Top ! Je suis fils d’un architecte musicien et d'une chanteuse. J’ai grandi en pension où j’ai appris le piano tout seul. J’ai habité à Sens. J’ai suivi des études de droit à Nice avant de remporter un concours d'animateur sur RMC. J’ai écrit la chanson «Pour le plaisir». J’ai été animateur à RTL, puis sur France 3. J’animais «Question pour un champion». Je suis. . . Je suis. . . »

 

Ronan Gerval Lepers, dit Julien Lepers.


 

Ce monologue imaginaire de «Questions pour un Champion» permet d’illustrer l’erreur fondamentale d’attribution.

 

Le biais
Surestimation.
surestimation

 

L'erreur fondamentale d'attribution, parfois appelée biais d’internalisé est la tendance générale à sous-évaluer, dans l’explication du comportement d’une personne, l’effet lié à la situation dans laquelle elle se trouve et à surestimer, au contraire, l’effet associé au caractère de cette personne.


Cette erreur est aussi appelée l’effet Julien Lepers en France, parce que c’est exactement l’impression qui se dégage de "Questions pour un Champion", où Julien Lepers apparaît souvent plus intelligent que les candidats alors qu’il ne montre en aucun cas sa propre culture générale pendant l’émission. 

 

Le professeur canadien Lee Ross a démontré l’effet en 1977 dans une expérience où il a mis en évidence la propension de l’individu à favoriser les causes personnelles chez les autres.

 

Dans cette expérience, un premier sujet, l’interrogateur, interroge un autre sujet, le questionné. 

 

Les questions portent sur la culture générale et sont rédigées par le questionneur.

 

Des observateurs doivent ensuite évaluer le niveau de culture générale de l’interrogateur et du questionné. 

 

Le questionné ne sait bien évidemment pas toujours répondre aux différentes questions qu’a choisies l’interrogateur. 

 

C’est toujours l’interrogateur qui est jugé le plus cultivé, alors qu’il est évident que le contexte lui est extrêmement favorable puisqu’il a lui-même choisi ses questions, sans que l’on sache s’il en connaissait les réponses.

 

Explication

 

Fondamental.
fondamental

 

L'erreur fondamentale d'attribution s'expliquerait par le besoin de contrôle. Les facteurs internes de la personne, sont plus faciles a analyser que les facteurs externes de la situation. Les privilégier évite d'analyser la multiplicité des causes externes possibles.

 

Chacun est considéré comme responsable de la situation dans laquelle il se trouve dans un besoin de compréhension et de prévisibilité. 

 

Il est intéressant de noter qu’on fait cette erreur fondamentale d’attribution avec les autres mais jamais avec nous-mêmes car nous pensons avoir une bonne raison de faire quelque chose.

 

Par exemple, une personne glisse et tombe. Elle attribue sa chute au chemin glissant (cause externe). Mais la même personne qui voit quelqu’un d’autre tomber au même endroit attribuera sa chute à sa maladresse (cause interne).

 

Lorsque les individus anticipent leur comportement, ils surestiment donc leur capacité au libre arbitre, et sous-estiment la pression environnante.

 

Ainsi, la très grande majorité des personnes pensent qu’elles ne seraient jamais tombé dans le biais d’autorité montré par l’expérience de Milgram, et, ainsi, n’auraient pas dépassé le stade du 10ème curseur (à 150 volts). Or, la totalité des individus qui participent à l’expérience va jusqu’au 19ème curseur (à 285 volts). . .

aller voir

 

 

Pour en voir plus sur le biais d’autorité et l’expérience de Milgram, on peut voir l’article là. . .

 


Des recherches ont montré que les membres d’un groupe ont tendance à blâmer injustement  le leader du groupe pour son incapacité à faire émerger une solution avantageuse pour tous dans un jeu de coordination, et ce d’autant plus que le groupe est grand.

 

Les membres du grand groupe sous-estiment ainsi les effets du contexte (la taille du groupe) et soulignent au contraire les défaillances individuelles du leader. 

 

Risque d’erreurs

 

L'erreur fondamentale d'attribution peut provoquer des erreurs de jugement. Par exemple, en affaires, si une personne se sert d'informations sur le comportement de son interlocuteur, sans prendre en compte le contexte d'une décision, il risque de se méprendre sur ses intentions.

 

Elle est commise par chacun, plusieurs fois par jour, et ce biais fausse notre jugement et notre compréhension d’autrui. Il affecte nos relations avec les autres, puisque nos comportements sont guidés par notre compréhension erronée des autres.

 

Comme dans la pensée magique(*) ou l’illusion de contrôle, le contexte de la décision peut modifier l’apparition d’une erreur.

aller voir

 

 

 

Pour en savoir plus sur l’illusion de contrôle on peut aller voir mon article là. . .

 

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(*) La pensée magique se définit comme une forme de pensée qui s'attribue ou attribue à autrui le pouvoir de provoquer l'accomplissement d'événements sans intervention matérielle.

Ce type de pensée se manifeste principalement au cours de l'enfance.

 

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