Les illusions, le paradoxe démographico-économique

par Jean Marie Champeau 14 Février 2024, 03:00 vie courante

 

Le paradoxe démographico-économique


La règle à laquelle les sociétés ont longtemps été soumises est, à la fois simple et désespérante.

 

Chaque fois qu’une société commence à prospérer, un mécanisme immuable se met en place qui en annule la portée.

 

La croissance économique entraîne la croissance démographique, la hausse de la population fait baisser progressivement le revenu par tête. Vient fatalement le moment où la population bute sur l’insuffisance des ressources disponibles pour se nourrir.

 

Trop nombreux, les hommes doivent mourir, par la faim ou la maladie. Famines et épidémies viennent invariablement briser l’essor des sociétés en croissance(*1).

 

Pourtant, à l’inverse, dans les pays riches, on constate une simultanéité de l’évolution économique et de la baisse de la natalité, c’est Le “paradoxe” démographico-économique.

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(*1) A tel point qu’une théorie due à l’économiste britannique Thomas Malthus, s’est développée.

 

Son nom a donné dans le langage courant un adjectif, "malthusien" souvent négativement connoté, et une doctrine, le "malthusianisme" qui inclut une politique active de contrôle de la natalité pour maîtriser la croissance de la population.

 

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Le paradoxe
faible fécondité

 

Le “paradoxe” démographico-économique suggère que le déclin de la fécondité serait une conséquence naturelle du progrès économique. 

 

Les théoriciens ont développé des modèles mettant en évidence l’importance de l’arbitrage parental entre le nombre d’enfants désiré et la "qualité" de vie dans le cadre  d’un état de croissance économique soutenue. 

 

Il est montré un lien avec la dynamique de la fécondité que ce soit par des choix rationnels ou par la diffusion de la culture et des normes.

 

Les causes

 

Urbanisation

 

Ce que nous observons, ce sont les progrès de l’urbanisation et de sa concentration dans un nombre toujours plus impressionnant de mégapoles. 

 

On dénombre déjà une vingtaine de villes qui dépassent 10 millions d’habitants.
Les cités multimillionnaires se développent dans le moindre pays, attirant et déracinant des populations de tradition et de structure campagnardes. 

 

Alors que les hommes avaient l’habitude d’occuper et de vivre sur un territoire, ils sont désormais condamnés à l’empilement dans un univers fermé. Le changement du cadre physique et social modifie en profondeur le système de valeurs et la mentalité de ces nouveaux citadins.

 

Égoïsme

égoïsme

 

Les enfants des années 1950, dits "boomers" du baby boom de l’après guerre sont les derniers a avoir reçu une éducation parentale structurée par la morale, la religion, l’autorité, le respects des choses et la nécessité de reconstruire le pays.

 

La structure, peut être un peu rigide, a donné des fruits économiques avec les trente glorieuses, et politiques avec mai 1968.

 

Ces "boomers" qui, suivant l’exemple de leurs parents, ont construit beaucoup, ont fait des enfants à qui ils ont donné tout ce que, matériellement, eux mêmes n’avaient pas reçu.

 

Pendant que certains de ces 68ards, parvenus aux commandes, démolissaient consciencieusement l’école et autres institutions régaliennes, dans une l’ambiance du "ni dieu ni maitre", les petits-enfants de ceux ci, depuis qu’ils sont nés, ne cessent de recevoir, au point de devenir des enfants rois.

 

Ces ex enfants rois, devenus adultes égoïstes, vous le diront :
Qui est fait pour donner des biberons à 4h du matin? Qui est fait pour se casser la gueule en glissant sur un jouet? Qui est fait pour faire du lavage en quantité industrielle? Qui a le goût de changer des couches 5 fois par jour pendant 2 ans? Qui a le goût de passer ses vacances dans un camping pour les dix prochaines années, QUI?

 

Parce qu'avoir des enfants c'est la seule façon de partager ce qu'on a reçu de nos parents et de la société.

 

Faisant fi de la seule règle naturelle qui vaille, avoir une descendance, il ne veulent plus d’enfant.

 

Tout comme l’avare et sa cassette, il veulent tout garder de la vie, tout pour eux, et en profiter.

 

L'égoïsme est ce qui se cache derrière les gens sans enfant. 

 

Vieillissement

 

 

"Le vieillissement de la population a touché plusieurs peuples dans l'histoire : la Grèce, Rome et Venise en sont les exemples les plus fameux. A chaque fois, ce fut la mort de la société en question". 

 

C'est l’économiste démographe Alfred Sauvy qui s'exprime ainsi. 

 

La concomitance de la diminution de la fécondité et de l'augmentation de l'espérance de vie explique l'essentiel du phénomène du vieillissement qui touche actuellement la plupart des pays européens. 

 

Si, en 2000, 10% de la population mondiale avait plus de 60 ans, ce taux devrait atteindre 21% en 2050. Sur le plan européen, le Royaume Uni, les Pays Bas et l'Irlande seront les pays les moins touchés par le phénomène du vieillissement tandis que pour la France le ratio de dépendances des retraités devrait augmenter de 60 à 120% selon le scénario démographique retenu. 

 

Le vieillissement en cours de la population va modifier la répartition de la population entre actifs et retraités. Ce sera sans doute l'une des grandes déceptions de l'histoire, alors que le ratio de la durée de vie active sur la durée de vie totale a diminué de manière constante au XXe siècle, il ne fait pas de doute qu'il s'accroîtra au XXIe siècle.

 

Si les conséquences des variations de la population totale comme celles des changements de structure démographique demeurent incertaines, le vieillissement démographique risque cependant de freiner la croissance du niveau de vie et d'entraîner des tensions sur le partage des revenus.

 

Submersion
Des migrants en caravane vers les États-Unis se dirigent vers Mexico pour demander l'asile et le statut de réfugié à Huixtla, dans l'État du Chiapas, au Mexique, le 27 octobre 2021.
migrants mexicains vers les États-Unis


Ce qui nous intéresse dans la situation démographique actuelle, c’est d’abord la brutalité de sa croissance : 1,6 milliard en 1900, 2,5 milliards en 1950, mais 6 milliards aujourd’hui.

 

Le phénomène de doublement que nous avons connu entre 1950 et 1980, c’est à dire en un peu plus d’une génération, a contribué au bouleversement que connaît le monde actuel. 

 

Ce facteur, quantitatif en soi, a eu des répercussions sociales, économiques, politiques qui ont nourri le changement et qui vont l’entretenir avec une perspective de 9 milliards en 2050. 

 

C’est à dire que nous ne sommes pas sortis des problèmes liés à la démographie : nous y entrons à peine! Ils sont dus aux déséquilibres considérables qu’entraîne une croissance aussi rapide et aussi inégale. 

 

Au Sud, nous avons assisté à un triplement de population depuis 1950, c’est à dire à un fantastique défi lancé aux pays les moins développés de la planète ; il se traduit en termes comptables : 80% de la population mondiale dispose de 20% des richesses disponibles, inégalité peu durable par des moyens «normaux». 

 

Toujours au Sud, la densité de certaines populations a fragilisé durablement de jeunes Etats, souvent nés de la vague de décolonisation des années 60, et incapables, faute de structures socio-économiques stables, de nourrir, d’éduquer, de soigner, en bref de faire vivre dignement leurs ressortissants.

 

Toutes les statistiques indiquent que, malgré un développement général du monde, l’écart entre pays riches et pays pauvres ne fait que croître, qu’à moins d’un gigantesque et improbable effort de solidarité une cinquantaine de PMA(*2) seront irrémédiablement «largués». 

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(*2) Pays Moins Avancés, bien sûr, quoi d’autres ?

 

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Pour sa part, le Nord (Amérique du Nord, Europe et Japon) qui représentait 30% de la population mondiale en 1900, n’en représente plus que 20% aujourd’hui et tombera à 10% en 2050.


Ce nouveau rapport de forces humaines aura nécessairement des effets sur les relations internationales.

 

Pour les pays riches comme pour la communauté internationale, continuer de faire comme si ces déséquilibres démographiques n’étaient pas les ferments les plus sûrs de la conflictualité du siècle prochain relève d’un aveuglement coupable.

 
Lorsqu’on affiche en priorité les «droits de l’homme» et le «droit des peuples» à disposer d’eux-mêmes, c’est-à-dire le principe de liberté et les valeurs démocratiques, et qu’on les prône avec insistance dans un monde fragilisé par les effets révolutionnaires d’une démographie oppressante, il ne faut pas s’étonner de certains retours de flamme.

 

Dans une optique moins démagogique que celle qui nous a été présentée et qui ne reflète pas l’extrême gravité du sujet, ce vent de liberté va avoir un effet incendiaire auprès de ces peuples jeunes, pauvres et pleins d’exigences. 

 

Dans la partie qui s’engage, le bras de fer ne sera pas absent.

 

 

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