Les illusions, Notre fin sera votre faim

par Jean Marie Champeau 4 Mars 2024, 03:00 vie courante

 

Notre fin sera votre faim

Notre fin sera votre faim, Le salon de l'agriculture le 24 février 2024..
24 février 2024


"Notre fin sera votre faim"

 

Ce slogan qu’on a pu voir affiché lors des manifestations d’agriculteurs de 2024 est lourd de promesses.

 

En 20 ans, la France est passée du 2e rang au 5e rang des pays exportateurs de produits agricoles.

 

Le rapport sénatorial sur le sujet de l’agriculture, publié le 28 septembre 2022 s’inquiète de la baisse du potentiel agricole français malgré une balance commerciale excédentaire de 8 milliards d’euros en 2021. La France importe près de 63 milliards d’euros de denrées alimentaires, soit 2,2 fois plus qu’en 2000.


Chaque jour, un agriculteur français se suicide. Dans l’indifférence générale, nos agriculteurs s’épuisent à la tâche pour des revenus de misère. 

 

Emprunts, normes environnementales kafkaïennes, fiscalité confiscatoire, contrôle inquisitorial de l’administration qui les contraint à consacrer près du tiers de leur temps à remplir des paperasses ou à payer des comptables pour les remplir… 
Tout est fait pour décourager les agriculteurs installés et, pire encore, les jeunes qui désireraient en faire leur métier. 


D’ici à 2030, la moitié des chefs d’exploitations agricoles partiront à la retraite, vraisemblablement sans être remplacés. 

 

Le grand public français ne réalise pas encore la catastrophe qui se profile à brève échéance :


Leur fin sera votre faim.

 

Pour les agriculteurs français, la situation est intenable: plus ils en font, plus on leur demande, alors même que le système met en concurrence nos agriculteurs avec ceux de pays qui n’exigent pas les mêmes normes environnementales ou sociales. 

 

Les résultats sont là, implacables : –5% pour la production de lait au premier semestre 2023 , –6% pour les porcs , –4% pour les volailles, la France importe 70% des poulets qu’elle consomme !, concernant le bio –12% de la production et de la consommation pour le lait, –30 % pour le porc… 


Face à la catastrophe, les remèdes proposés par les crânes d’œuf de l’administration française pourraient faire sourire si la situation n’était pas tragique. Le rapport sénatorial mentionné, propose un certain nombre de mesures, dont :

 

- nommer un Haut-commissaire chargé de la compétitivité de la “Ferme France” afin d’assurer le pilotage et le suivi du plan “Compétitivité 2028” ;

 

Vous avez bien lu : nommer un Haut-commissaire. . .

 

Quel terrible aveu d'impuissance. . .

 

Revenons un peu en arrière
En France on marche sur la tête!
En France on marche sur la tête!

 

Lancée par plusieurs organisations syndicales d'agricoles, l'opération nationale “En France, on marche sur la tête !”, menée du 23 au 26 novembre, s'est propagée.
Vous l'avez peut-être remarqué aux entrées et sorties de votre village  : les panneaux de signalisation ont été retournés !

 

Un retournement symbolique pour faire passer un message  : Dénoncer les contradictions du gouvernement que subissent les agriculteurs français, et qui impactent l’alimentation de nos concitoyens.

Ces opérations pacifiques ont été menées de nuit pour évoquer le ras le bol général des agriculteurs contraints par de nouvelles réglementations et le non respects de celles existant déjà par les industriels.


Incompris et abandonnés, les gros médias nationaux n’ont quasiment pas relayé le mouvement de fronde qui secoue la profession alors que quelque 10 000 panneaux d’entrée de commune ont été mis à l’envers.

 

Plutôt que d’aider l’agriculture à se développer et assurer la souveraineté alimentaire du pays, les pouvoirs publics français imposent des contraintes européennes encore plus fortes qui affaiblissent les exploitations françaises.

 

Par ailleurs, les firmes agroalimentaires achètent aux agriculteurs leur production à peine au-dessus du coût de revient, étranglant littéralement de nombreuses exploitations.

 

 

L’action de la dernière chance
L'ouverture du salon de l’agriculture le 24 février 2024.
Salon de l’agriculture 24 février 2024

Cette fois-ci, les agriculteurs ont utilisé un autre mode d’expression : une banderole sur laquelle on peut lire la terrible prédiction : "Notre fin sera votre faim".

 

La protestation paysanne s’accompagne maintenant des démonstrations plus musclées des gens qui ont compris qu’ils n’ont plus rien à perdre.  Une première, l’ouverture du salon de l’agriculture 2024, s’est déroulée au beau milieu d’une compagnie de CRS.

 

C’est la fin progressive à compter du 1er janvier 2024 de l’exonération fiscale sur le gazole non routier annoncée par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, qui a mis le feu aux poudres. 


Une mesure qui, si elle était mise en application, multiplierait par sept la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) d’ici à 2030.

 

Alors que, la guerre en Ukraine et la suicidaire politique de sanctions à l’encontre de la Russie ont triplé la facture énergétique des agriculteurs. 

 

Et, cerise sur le gâteau fiscal, le doublement, voire le triplement, annoncé de la redevance sur le prélèvement d’eau pour l’irrigation inscrite dans le projet de loi de finances 2024, une lubie des écolos des villes.

 

Ça c’est pour les français.


En ce qui concerne l’ensemble des exploitants européens, l’accord de libre-échange avec le Mercosur serait ainsi une véritable catastrophe et l’entrée à terme de l’Ukraine dans l’UE(*1) sonnerait le glas des céréaliers Européens. 

 

C’est l’ensemble des agriculteurs de l’UE qui sont menacés de disparition. Les Pays-Bas ont été secoués par une révolte des paysans à qui l’UE imposait davantage de réglementation et de normes environnementales. 

 

En Pologne, les paysans qui ont d’abord été bénéficiaires de l’ouverture des frontières commencent à s’inquiéter, à juste titre, de l’adhésion de l’Ukraine dans l’UE. 

 

En effet, l’agriculture ukrainienne est dominée par une centaine d’hyper-fermes qui contrôlent la moitié des terres agricoles du pays. Les riches terres à blé ukrainiennes sont déjà passées sous le contrôle des BlackRock, Cargill, Dupont, Monsanto et autres Vanguard.(*2)

 

In fine, la question semble bien se résumer à un dilemme entre les diverses décisions UE et la souveraineté alimentaire, ce que vient de comprendre le monde agricole ou ce qu’il en reste. 

 

L’équation est insoluble. 

 

Entre les uns qui veulent moins de celles-ci et plus de celle là et les autres qui veulent exactement le contraire, une lutte à mort est engagée. 

 

On peut redouter que les terres laissées par les paysans français partant en retraite soient rachetées à vil prix par des multinationales américaines, à l’image de ce qui s’est passé en Ukraine

 

Une main-d’œuvre venant de pays à faible niveau de vie et par ailleurs candidats à l’UE y travaillera pour une bouchée de pain. 

 

Les produits agricoles résultants seront vendus à des prix rondelets sur les marchés solvables dont la France, ruinée, ne fera plus partie. 

 

Oui, leur fin sera notre faim.

 

Un conseil ? faites un potager. . .et plantez y des patates !

 

À moins que . . .

 

- - -

 

(*1) Outre de nous faire entrer ipso-facto dans la guerre Russo-Ukrainienne. . .

 

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(*2) A noter que la présence étatsunienne en Ukraine est source de quelques autres dommages collatéraux comme le pillage des forêts, soigneusement occultés par les gros médias.

 

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