Les illusions dans la vie courante, les sophismes

par Jean Marie Champeau 30 Mars 2024, 03:00 vie courante

 

Les sophismes

 

 

Un sophisme est un procédé rhétorique. 

 

C'est un raisonnement qui porte en lui l'apparence de la rigueur, voire de l'évidence, mais qui n'est en réalité pas valide au sens de la logique, quand bien même sa conclusion serait pourtant vraie.

 

À la différence du paralogisme, l’erreur dans le raisonnement d'un émetteur de bonne foi, le sophisme est fallacieux, il est prononcé et énoncé avec l'intention cachée de tromper l’interlocuteur, afin de prendre l'avantage sur lui dans une discussion.

 

Les sophismes peuvent avoir la forme d'un syllogisme, en un raisonnement qui repose sur des prémisses insuffisantes ou non pertinentes. On leur donne parfois le nom fleuri de "moisissures argumentatives".

 

Ils peuvent aussi s'appuyer sur d'autres mécanismes oratoires ou psychologiques jouant par exemple avec l'émotion de l'auditoire, l'ascendant social du locuteur par un argument d'autorité ou des biais cognitifs, pour emporter l'adhésion.

 

A l’époque de la Grèce antique, les sophistes, payés pour soutenir avec ferveur et conviction les thèses de leur client développent des raisonnements dont le but est uniquement l'efficacité persuasive, et non la vérité, et qui, à ce titre, usent souvent de vices logiques, bien qu'ils paraissent à première vue cohérents.

 

À Athènes, ces orateurs sont néanmoins dénoncés par les philosophes Socrate et Platon, qui débattent avec les sophistes pour essayer de démasquer leurs raisonnements trompeurs.

 

C’est Platon qui a popularisé le mot dans un sens péjoratif.

 

 

La parole a un vrai pouvoir, chaque époque nous le montre terriblement.

 

Avec nos mots, on peut scinder une population, créer un ennemi fictif ou envahir un pays.
Mais avec nos mots, on peut aussi rassembler une population et créer un monde désirable.

 

Lors des prochaines prises de parole de candidats ou de chefs d'Etats, restez attentifs à chacune de leur tournure de phrase car l'esprit critique est un muscle qu'il faut entretenir.

 

Tout le monde fait des sophismes, tous les jours comme les articles qui suivront le montrera. Simplement parce que ce sont souvent des raccourcis pour partager notre point de vue sans vouloir rentrer dans une argumentation complète et ultra rigoureuse.

 

Quand on dit quelque chose du genre :

"J'ai une amie qui a chopé des puces de lit dans cet hôtel donc si tu y résides tu vas sûrement te faire piquer, aller aux urgences, louper ton avion retour. . . Soit tu restes avec moi ici, soit tu vas finir aux urgences là"

On fait un combo : généralisation hâtive + pente glissante + faux dilemme

Lors d’un entretien ou d’un débat, il peut arriver qu'on vous envoie des questions délicates faites pour vous déstabiliser. L’objectif est le même à chaque fois, une attaque qui amène une surprise, une surprise amène à la panique, une panique amène à la perte de confiance dans sa réponse.

 

Sachez qu'il est possible d'y répondre sans avoir besoin d'utiliser des arguments fallacieux, comme l’explique Julien de Sousa dans son article de 2020 cité en référence.

 

Comment s’en prémunir

 

- Quelqu'un remet en question votre crédibilité et votre compétence :
"Mouais, j'y crois pas trop ça ne marchera jamais."

 

- Quelqu'un cherche à vous déstabiliser en attaquant votre caractère :
"Donc toi tu préfères sauver les réfugiés que nos SDF en fait ?"

 

- Quelqu'un vous surprend avec une question sortie de nulle part et critiquant votre intimité :
"Et il paraîtrait que ta sœur a fait de la prison. . ."

 

Pour gérer ces attaques, de nombreuses techniques sont possibles, en voici quelques-unes.



Bien se préparer

‍Vous allez participer à un débat et vous savez qu'on va forcément venir vous titiller, vous attaquer, alors il faut anticiper et se préparer aux pires objections que vous pourriez recevoir.



Désamorcer‍

La technique est de ne rien prendre personnellement, même si la pique est vicieuse. Ça vous permet de rester calme, recentrer sur ce qui compte pour vous et expliquer vos motivations :
"A vrai dire, voilà pourquoi je fais ce que je fais. . .

 

Mais si vous n’avez pas envie d'encaisser avec cette stratégie on peut choisir une voie plus offensive pour se dépatouiller de cette méchanceté gratuite. 



Mettre en lumière et renvoyer

- Grossir soi-même les traits et être dans l'auto-dérision. Ça vous évite de passer pour quelqu'un de rigide.

 

- Ne jamais accepter une question si elle enfreint votre inimitié. Alors au lieu de dire "je refuse de répondre à ça" au risque de laisser penser que vous cachez des choses, essayez plutôt "Qu'est-ce que vous voulez faire avec votre question ? Qu'est-ce qui justifie qu'on s'écarte autant du sujet ?"
En faisant ça, c'est à l'autre de se justifier et de vous convaincre. Et s'il ne vous convainc pas, vous allez pouvoir le recadrer.

 

- Mettre des mots sur ce qu'il se passe. Il est maintenant temps de recadrer, de révéler et de renvoyer. "Pourquoi cette question ?"

 


En attendant que vous soyez affuté sur le sujet, plusieurs articles vont se succéder pour décrire les différents types de sophismes.

 

 

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